Review of Christelle Dabos' "La Tempête des Echos" (La Passe-Miroir, #4) (in French)
- The Quiet Protagonist
- May 10, 2020
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Updated: Aug 10, 2020
Voilà, la saga de La Passe-Miroir est terminée. Ce n'est pas sans une certaine nostalgie que je me lance dans la critique de ce quatrième tome, qui fut très attendu au vu du succès international des trois premiers volumes. Les prochaines quelques lignes portent donc principalement sur le grand final que constitue "La Tempête des échos" mais également sur la cohérence générale du cycle de fantasy français imaginé par Christelle Dabos. Commençons par établir un constat indiscutable quant au Cycle de La Passe-Miroir: au terme d'environ 2000 pages qui nous ont fait rêver et réfléchir, on garde le souvenir d'un bon moment de lecture qui a stimulé notre imagination et nous a extrait de notre quotidien, chapitre après chapitre. Christelle Dabos a créé un univers original et mystique, tout en créant des personnages attachants malgré leurs nombreux défauts ainsi que leur dimension d'anti-héros parfois poussée à l'extrême. Certains diront que ce cycle reste de la literature dite "jeunesse" qui n'opère pas au même niveau littéraire que des auteurs francophones tels que Jean-Philippe Jaworski, Alain Damasio ou Charlotte Bousquet. Certes, le cycle de La Passe-Miroir est moins exigeant d'un point de vue littéraire et se lit relativement rapidement. Il serait néanmoins regrettable de passer à côté de cette fabuleuse épopée par snobisme, au même titre qu'il serait absurde de refuser de lire Harry Potter parce que l'on considérerait que le style de J.K. Rowling est moins littéraire que certaines références en la matière telles que J.R.R. Tolkien ou Ursula K. Le Guin. En achevant cette première oeuvre majeure de Fantasy, Christelle Dabos démontre tout son potentiel créatif mais également sa rigueur et le travail monumental que requiert une telle construction imaginaire. Le cycle de la Passe-Miroir se distingue par la précision de son trait, chaque détail, chaque objet fantastique, chaque interaction étant pensé et positionné minutieusement afin de maintenir une cohérence sur l'ensemble du récit. Ce quatrième opus apporte de nombreuses révélations et les réponses aux questions laissées en suspens dans les précédents tomes. Le récit est cependant dense et moins bien structuré que dans les précédents volumes. Il est parfois difficile d'ignorer l'impression désagréable que la magie des premiers romans s'est quelque peu estompée pour laisser place au pragmatisme nécessaire à la conclusion d'une saga. On ressent alors un certain tiraillement entre la volonté de maintenir le même ton et le même émerveillement qui ont fait la gloire de La Passe-Miroir et le besoin de boucler la boucle, résoudre les mystères et finir en beauté. On détecte même une certaine précipitation dans l'écriture qui était totalement absente des premiers livres, ce qui n'est pas rare lorsqu'une saga littéraire connait le succès et génère inévitablement des attentes de la part des éditeurs et du public. Certain.es. lecteur.rices ont de ce fait été déçus par cette conclusion. "La Tempête des Echos" est indiscutablement un tome à part dans cette saga, sa construction et son écriture étant moins fluides et convaincants que les trois premiers livres. Or il faut tout de même souligner que ce dernier tome apporte des éléments nouveaux, tel qu'un niveau additionnel de complexité dans la portée métaphysique de ce que les "arches", la notion "d'effondrement" et le personnage mystérieux de "l'Autre" représentent. Tout en préservant la poésie qui opère en trame de fond de chaque tome, Christelle Dabos offre de merveilleuses métaphores au sujet de la fragilité de notre environnement, on ne peut plus pertinentes pour notre époque. Ainsi, l'auteure réussit à conclure son cycle de la Passe-Miroir sur un message sous-jacent fort par rapport à l'équilibre et l'altérité de toute chose: le silence ne s'exprime que par le bruit, la paix par la guerre, la stabilité par le chaos et l'effondrement.
Wow! Superbement écrit !